Album - Tabula Rasa - A Slice Of Life

Album Review

Album: 
Album - Tabula Rasa - A Slice Of Life
Artist: 
A Slice Of Life
Record Label: 
eigen beheer
Style: 
darkwave-postpunk
Date: 
02/10/2022
Reviewed by: 
Preumont Michel

Album -  Tabula Rasa -  A Slice Of Life

 eigen beheer

michel 

 

Quatre ans après la parution de 'Restless', A Slice of Life , le sextet, né  en 2015 de la rencontre de Dirk Vreys (obsCURE et Silent Flag)   et  Guy Wilssens (Perverted by Language), vient de pondre un nouveau full album, baptisé 'Tabula Rasa'.

Faut pas se fier au titre, le groupe n'a pas effacé son passé post punk/dark wave pour virer marchands de soupe insipide, avec Tabula Rasa, A Slice of Life reste fidèle à ses héros: Joy Division, The Cure, Bauhaus ( qui est responsable du choix de patronyme) , Anne Clark  ou The Chameleons. 

Dirk ( vocals and lyrics) et Guy ( guitars et keys) sont depuis en certain temps secondés par Wim Kempenaers ( guitar), un copain qui s'ébat aussi chez  The obsCURE - Nelson Da Silva ( bass)-  François-Xavier Reimeringer, alias FIX ( drums), le nouveau venu se nomme Emmanuel Schaeverbeke (keys), ex- Northern Sadness, devenu This Collusion.

Tracklist

 

  1. Two-faced
  2. Sweet Darkness
  3. Matterhorn
  4. Seven Days
  5. Goodbye
  6. Cavern
  7. Anywhere But Home
  8. Run For Cover
  9. What Doesn't Kill Me
  10. In Your Shade
  11. Fortress Of Solitude
  12. Animal Instinct

Pochette, une photo de Wim Kempenaers montrant un Dirk Vreys  fort agité, du coup il est transformé en créature tricéphale poussant un cri encore plus effrayant que celui qu'a proféré  le citoyen terrorisé par les horreurs de la vie moderne ,représenté sur la toile la plus célèbre d' Edvard Munch.

 Ça a dû résonner pas mal dans le corridor dans lequel le cliché a été pris, quant à la ligne rouge barrant les yeux du chanteur, aucune explication!

L'album débute par le glacial coldwave/postpunk  ' Two-faced' , des claviers sombres, puis les  guitares cinglantes et un drumming méthodiqu,e introduisent la confession ...so far for pretending I feel good, so far for pretending I'm OK... car l'humeur de Dirk est à la mélancolie, à l'affliction. Mais ce genre de truc, il faut le dissimuler, il faut revêtir un masque, ne pas afficher  la douleur en public.

Tout dans ce morceau transpire la désolation, le chagrin, ...pain is for the ones who care...  le nihilisme suinte de partout , des lignes de basse furieuses et sinistres, aux guitares acérées, en passant par les coups de baguettes rugueux sur les toms et caisses du drumkit, sans oublier la voix froide et théâtrale, qui ne transpire pas l'optimisme béat,  de Dirk.

Plus Cure-esque que ' Sweet Darkness'  est difficile à trouver, ceux qui pleuraient le deuil en chantant 'The Funeral Party' restent une influence majeure.

'Sweet Darkness' offre aussi des échos 'The Killing Moon', le chef-d'oeuvre d'Echo & the Bunnymen.

Ici les guitares  agressives  donnent le ton, quelques cloches sonnent le glas en fin d'un morceau que Dirk termine en spoken-word.

Yes, darkness can  be celebrated!

C'est parti pour l'ascension du ' Matterhorn' , aux rythmes des guitares frénétiques et d'une basse omniprésente , tu grimpes, tu grimpes,  pour finalement te rendre compte que dans ces Alpes suisses, ce n'est pas le Cervin que tu gravis mais le corps brûlant d'une fille qui transforme le glacier en volcan.

Hit me, hit me, récite le choeur.

 Ian Dury, le plaisantin, ajoute  with you rhythm stick, mais lui se trouvait dans un désert, au Soudan!

' Seven Days' était sorti en single, comme précurseur du nouvel album.

Dirk a écrit ce titre après le décès de ses parents.  

Comment soulager le corps, l' esprit et l âme, éplorés : errer dans la nuit, fumer cigarette sur cigarette, s'enivrer, ne plus voir personne, ...Every time I wake up, it feels like I am standing still haunted by their shadows,  being numb from taking pills...

L'émotion te gagne à l'écoute de ce lament postpunk, dépeignant la misère ressentie par celui qui a perdu ses géniteurs.

 Il n'y a pas d'âge pour être orphelin et ressentir une douleur insoutenable.

...Et ni le lugubre drap noir, Ni le dies irae farouche, Ne donnent forme au désespoir : La stupeur clôt l’âme et la bouche...   Sully Prudhomme.

La lancinant ' Goodbye' , au chant torturé,  décrit profondément le sentiment de détresse.

Musicalement la complainte se traîne laborieusement pour t'emmener au plus profond des ténèbres, les guitares égrènent des notes funestes avant d'être recouvertes par une courte marche funèbre au piano.

'Cavern' te traîne encore davantage  au coeur du désespoir, ton habitation n'est plus un refuge. Abandonnée, elle est aussi vide que ton cerveau, à quoi se rattacher ?

Et  pourtant...this old house is not for sale...memory still prevail.. 

L'emballage sonore, fait de guitares métalliques, d'un jeu de batterie entêtant, d'une basse évoquant les heures de gloire de Simon Gallup au sein de The Cure, de synthés brumeux, sert de toile de fond caverneuse aux vocaux de Dirk Vreys auxquels s'ajoute la seconde voix glacée d'Els Van Herck.

L'impétueux 'Anywhere But Home' risque bien d'ébranler ton système nerveux, ici tout  vibre,  étrille ou taillade à l'instar des guitares effilées, quant à Dirk il ne voit toujours pas la vie en rose... I'm filled with guilt...

Un côté plus léger pourtant vient édulcorer la tirade, après un solo de basse massif, le chanteur lance un cha cha cha étonnant.

Et c'est parti pour une course effrénée, ' Run for cover' est  presque aussi fulgurant que le ' Race with the Devil' de Gun. 

Jusqu'ici le  morceau le plus exubérant du catalogue!

Un brin de philosophie nietzschéenne pour suivre, 'What does not kill me' ( makes me stronger), ou comment danser sur Friedrich Nietzsche au son d'une batterie tribale et de guitares tumultueuses et incandescentes.

A Slice of Life montre sa face la plus épique avec ce morceau farouche.

Je suis si  heureux ' In your shade' , aurait-on droit à une première lovesong?

Rien n'est moins sûr, il faut lire entre les lignes et le morceau, déjà en mode uptempo au démarrage,  s'emballe sérieusement en vue du terminus.

Dirk abandonne momentanément la voix rêche pour interpréter le nocturne ' Fortress Of Solitude' d'un timbre, sans doute apaisé, mais pas folâtre, vu le sujet.

L'orchestration est  majestueuse, quelques coups sur la batterie précède un thème romantique au piano, Dirk part en spoken-word, des sonorités de cordes se font entendre, la voix prend des intonations David Bowie,  on a droit à quelques confidences...I don't believe in God... il halète, tu te surprends à esquisser quelques pas de valse, le ton monte jusqu'à  l'outro fragile au clavier.   

 

Pour terminer l'exercice, A Slice of Life propose  ' Animal Instinct' , qui avec  ses rumeurs simiesques  et ses rythmes electro dance,  devrait faire un tabac dans les soirées  branchées dark wave/ dark elektro/ post-punk.

Le DJ  Desolate Discotheque compte l'inclure dans son prochain show 'Blue Wednesday'  chez Christa Kupfer à Berlin.

 

Si jusqu'ici, musicalement , "Tabula Rasa"  s'appliquait foncièrement à Björk, il faudra désormais compter avec le formidable album de A Slice of Life, qui déjà s'affirme comme un tournant dans les productions de rock alternatif du plat pays.

Prochain concert le 29 octobre à Aarschot, lors de la soirée Halloween Hysteria qui se déroulera au Recreatieoord Schoonhoven.