EP - Marine Williamson - La Chambre Claire

Album Review

Album: 
EP - Marine Williamson - La Chambre Claire
Artist: 
Marine Williamson
Record Label: 
Label STEREOPLANE
Style: 
French folk
Date: 
14/02/2023
Reviewed by: 
Preumont Michel

 EP - Marine Williamson - La Chambre Claire

  Label STEREOPLANE

michel 

 

Marine, t'es qui?

Je suis comédienne voix Off . J'ai commencé à travailler avec X-Track pour des pubs TV de l'Oréal et ensuite avec Badje, Kouz, Stereoplane, The, Capitaine Plouf , Sixième Son et Hercules, e a.

T'es pas la soeur de Pierre-Marie Williamson,  producteur son chez Stereoplane?

Si, il s'est chargé des enregistrements de mon premier disque.

Qui s'appelle?

'Shelter', il est sorti en 2016 et contient neuf titres chantés in English.

A l'époque, un gars  sympa a écrit: Marine Williamson nous fait penser à Cat Power sur son morceau "Believe Me Or Not" et tient largement la comparaison.

J'ai aussi repris Leonard Cohen, Bronski Beat, Bowie ou Gillian Welsh ...

Avant ça, je chantais dans Paris Sound, un duo jazzy comprenant Armel Dupas au piano et j'ai fait partie de la formation folk ' Absalon'.

 

L'an dernier, je lançais une campagne de crowdfunding pour enregistrer un second album, en français cette fois-ci, ' La Chambre Claire'.

Vous avez répondu à cet appel et aujourd'hui l' EP est là, il a été baptisé par l'évêque de Nantes il y a quelques jours, j'en suis encore émue!

Tracks:

  01 La Source
02 Amer Amour De Bord De Mer
03 Désert De Glace
04 Où Es-tu
05 Immobile
06 La Chambre Claire 

Crédits:

 Marine Williamson: chant, compositions

Arrangements : Lisa Cat-Berro

Les musiciens:  les gars de chez Quiet Dan :  à la batterie : Mathieu Penot /basse : Antoine Reininger/ aux guitares : Daniel Mizrahi  + au Saxophone : Lisa Cat-Berro / aux  Choeurs : Lisa Cat-Berro, Cat Loris,  Florence Grimmeisen et  Marine Williamson

 Brother Pierre-Marie Williamson à la   prise de son.

Pochette:  un croquis, ligne claire, stylisé, réalisé par Sylvie Faur, représentant la séduisante et songeuse Marine de profil.

Un mot pour le choix de l'intitulé de l'extended-play, après avoir quitté l'abri ( pas fiscal) dans lequel elle s'était réfugiée en 2016, elle s'est installée dans une chambre claire en lisant  Roland Barthes ( celui qui a pondu  ' Le degré zéro de l'écriture').

Tant qu'à vivre confiné que ce soit dans un espace intime.

Démarrage en douceur avec ' La Source'  , le chant narratif débite un texte poétique, aussi limpide que l'eau claire qui sourd de la roche.

Un brin de mélancolie perce du phrasé velouté de Marine, le sax,  aussi sensuel que celui de Steve Gregory sur le ' Careless Whisper de George Michael, titille l'épiderme, guitare et percussions, en sourdine, tisent une toile discrète, il n'y a que la basse à dialoguer avec le saxophone onctueux et pour couronner le tout,  un élégant choeur féminin ajoute  comme une broderie fine au mince filet d'eau.

Une nouvelle séquence désenchantée pour suivre,  'Amer Amour de Bord de Mer', un plage d'une  lenteur aristocratique,  dominée par le violoncelle plaintif de  Juliette Serrad.

L'amour et ses déceptions, il y a du Marguerite Duras dans l'écriture sensible et dans le tempo lancinant affichés par Marine Williamson.

L'instrumentation soyeuse et les  choeurs lumineux, propices aux songes, doivent t'aider à imaginer l'oiseau prendre son envol  et ne laisser qu'une empreinte floue sur les flots irisés.

Forcément à l'écoute de ' Désert de Glace' ton esprit va t'envoyer des images d'Emilie Simon et de son  "The World Frozen".

Adagio pour cordes, guitare ciselée, sonorité de clavecin,  choeur céleste... mais aussi solitude, errance et absence d'amour ... les plus désespérés sont les chants les plus beaux , et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots...

Merci, Alfred! 

'Où es-tu' est plus proche du British folk des sixties/seventies, celui de gens aussi subtils que Nick Drake ( faut écouter 'Day is Done') , Donovan ( le magnifique ' Lalena'),  bien que Marine cite James Taylor, Sufjan Stevens, Joni Mitchell, Cat Power ou Angel Olsen comme influences.

Une guitare acoustique amorce la ballade, puis vient la voix,  des fragments de texte te renvoient vers d'autres chanteuses conjuguant sensibilité et mélancolie, Françoise Hardy (' Des ronds dans l'eau') , la petite  Ambre Della Torre (  'Coeur de porcelaine').

Bruyères rouges, moors, lochs sombres, elle nous invite à un voyage en Ecosse, du côté des  brumeux Highlands.

 Le soir pour trouver le sommeil, tu peux lire une poésie de Robert Burns ou écouter un enregistrement de Julienne Taylor, une des nouvelles voix de la scène écossaise.   

Avec ' Immobile', signé Cat Loris/ Marine Williamson, on a droit à une nouvelle ballade, dont le tapis est  basé sur un astucieux collage de voix. Comme sur le titre précédent, le côté folk prime. 

La guitare aux senteurs americana fait place à un superbe arrangement de cuivres en fin de morceau, du coup, tu  penses à Carole King qui ne dédaignait pas les  horn arrangements sur certaines de ses compositions.

Une basse solitaire amorce le subtil  ' La chambre claire',  avant d'entendre Marine murmurer... m'alanguir dans la chambre claire de ton regard..., tendresse, délicatesse, l'amour n'est pas toujours éperdu.

On retrouve toute l'affectuosité des mots dans l'instrumentation raffinée  soutenant le texte. Lisa Cat-Berro travaille à la manière d'un Degas, par petites touches impressionnistes. Tout semble couler de source pour mettre en valeur le timbre fluide de la chanteuse: des cordes galantes aux percussions discrètes. Le  fin voile d'éléments électronique et la  basse,  imprimant un groove subtil, et le petit solo de guitare épuré, tout est parfait!

 

En résumé: "La Chambre Claire"  est un objet esthétique qui  charme les pavillons auditifs tout en  parlant à ton âme.

 

Dommage que Roland Barthes ne soit plus de ce monde , il eut aimé!