EP - Restriction - Ixion

Album Review

Album: 
EP - Restriction - Ixion
Artist: 
Ixion
Record Label: 
indépendant
Style: 
Atmospheric doom metal
Date: 
22/06/2024
Reviewed by: 
Preumont Michel

 EP - Restriction - Ixion

michel

Label:     Independent

Atmospheric doom metal

La mythologie grecque a inspiré pas mal de groupes dans le milieu metal: Acheron ( du death de Pittsburgh) s'en tient au fleuve des enfers, Styx, de Chicago, aimait l'eau aussi, Hypnos, le dieu du soleil a inspiré Hypnos 69 de Diest, aux States, il y a eu quelques Proteus, tous adeptes d'un métal hurlant,  Medusa,  une des Gorgones est partie jouer du punk à Londres, dans le même ordre d'idée, tu as Chimaira qui crache le feu  à Cleveland, Titan c'est du costaud et du speed metal basque,  on élimine Aphrodite's Child et Dionysos, trop propres, et on se penche sur Ixion,  un duo du Finistère, né en 2004, et ayant comme nom de baptême le prince précipité dans le Tartare, attaché par des serpents, pour   avoir tenté de mystifier Zeus, un grand colérique.

Julien Prat est l'instigateur du projet, son complice se nomme Yannick Dilly.

Après avoir accouché d'une   démo en 2007, ce sont quatre albums qui atterrissent dans les bacs, le dernier ' L'adieu aux étoiles'  date de 2020.

En 2024, Julien imagine d'élaborer un triptyque, le premier panneau du retable, 'Extinction', paraît en avril, la peinture du  second tableau ' 'Restriction' n'est pas encore sèche.

Tracklist:

1.The Laws of Life
2.Breaking the Code
3.A Chimeric Dream Part 2
4.The Advent
5.Turning Point

 All music, concept and lyrics by Julien Prat qui s'occupe des guitares, synthés, keys, du programming et des growls .

Yannick Dilly, lui,  se charge des clean vocals.

Artwork by Vincent Fouquet ( Above Chaos) ,  un monsieur ayant signé des pochettes et visuels pour des groupes comme Tsjuder, Inquisition, Benighted, Nordjevel, Loudblast, Nightfall, Naglfar, Melechesh ou encore des affiches pour le Hellfest ou Headbanger Box.

Il se dit inspiré par Dali, Doré ou Rembrandt. 

Le design, futuriste, montre un cyborg, dépouillé de tout caractère humain, évoluant dans une galaxie abstraite.  

'The laws of life' ,  renvoie vers Isaac Asimov et ses lois de la robotique,  car oui, même  les androïdes  doivent respecter quelques codes.

Rappel, ci-dessous les lois  édictées par le maître de la science-fiction:   (1) un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger ; (2) un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi ; (3) un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.

Sur un fond musical plus proche de Kraftwerk, de Jean-Michel Jarre, de la space ambient music, que du death doom  de My Dying Bride ou de Paradise Lost, Ixion nous balade dans un cosmos relativement  serein. La voix de Yannick n'inspire aucun sentiment de frayeur et  peut même  évoquer certaines compositions de Air. Cette plage, aérienne,  s'éloigne donc des efforts de groupes obscurs tels que Astral Lueur( Ukraine)  ou Fear of Eternity ( Sicile)   dont le propos est plus inquiétant, voire carrément gore.

'Breaking the code' présente les mêmes caractéristiques, avec une amorce presque prog rock, le ton change dès que Julien vient poser ses growls sur l'arrière plan planant, qui se transforme en marche cosaque majestueuse, semblant   inspirée par Richard Wagner.

' A Chimeric Dream Part 2', une suite à la première partie, audible sur l'EP 'Extinction', où il était question d'un phantasme sans doute irréalisable : l'immortalité!

Faust n'était pas le premier à en rêver, Prométhée, le voleur de feu, était devenu immortel avec l'aide de Chiron, l'aîné des Centaures. 

Ambiances vaporeuses et  vocaux  désincarnés, Ixion nous entraîne dans son univers mystérieux, une sphère où on a le sentiment d'avoir quitté notre enveloppe corporelle pour évoluer dans un éther où on risque de  croiser le Major Tom, un copain de David Bowie.

L'avènement!

Du RN?

Soyons sérieux, 'The Advent' , ses nappes atmosphériques, son chant, tantôt guttural, tantôt limpide,   nous escorte pendant près de six minutes dans une nébuleuse où tu rases  des centaines d'étoiles, plus ou moins camouflées derrière des nuages interstellaires, faits de poussières et de  gaz.

Tu peux songer à 'Astronomy Domine', mais aussi  au cantique  des anges, lorsque survient un mouvement liturgique.

Le groupe cite Klaus Schulze comme influence, on retrouve effectivement  des pointes de Tangerine Dream dans le travail d'Ixion.

'Turning point', si rien n'est irréversible, nos braves androïdes peuvent toujours faire volte-face.

Dans l'univers de la sci-fi tout est possible, c'est par un chant éthéré, quasi sacré,  collé  sur une  musique cosmique,   qu'aurait beaucoup appréciée Erik Satie, que démarre cette dernière plage.

Après un pont instrumental à la Mike Oldfield, la voix éraillée de Julien prend le relais, il n'est pas question de growls agressifs, la modération est de mise,  pour nous conduire un terme d'un trip sidéral qui te donne  envie de retrouver l'oeuvre de Victor  Vasarely, le peintre qui  a propulsé ses admirateurs  dans l'espace.