PAULETTE 2023

Album Review

Album: 
PAULETTE 2023
Artist: 
PAULETTE
Record Label: 
Auto-Production
Style: 
Rock metal
Date: 
26/04/2023
Reviewed by: 
NOPO

PAULETTE - LP Paulette 2023

Rock parpaing?!
Je connais "Dalle béton" (passé au bistrot de la Poste à Saint-Brieuc) qui fait dans le gros œuvre...
Je connaissais Paulette, une de mes meilleures amies d'enfance dont ce surnom l'agaçait et du coup, lui collait encore plus à la peau (lette).
Je ne sais pas si cette nouvelle mouture de Paulette a été élue reine des paupiettes mais les musiciens ne sont pas des charlots.

Sur l'album sorti en Mars 2023, on trouve :
Alice Daré au chant, synth, synth basse et chœurs
Thomas Fernandes au Chant, guitares, basses et chœurs
Simon Renault à la batterie et aux percussions
Yoann Carnelos aux basses et synth
Paulette... la mannequin joue la basse-cour et les basses œuvres...

C'est aussi la vedette de la pochette sur laquelle, on découvre une partie de son visage dont un œil vicieux très maquillé de bleu profond (Artwork Paulette et Estelle Perruchot)

Le parpaing s'élève d'emblée en 'Mur d'horizon' à la guitare massive. Thomas entonne des paroles dans un débit hystérique qu'Alice ne tarde pas à rejoindre.
Un riff sinusoïde, emmêlé au clavier, nous envoûte devant des choeurs en folie qui finiront en hurlements.
La rythmique basse, batterie pèse lourdement dans un doom qui peut, pourtant, faire penser à Rage against the machine.
On prend plaisir à headbanguer avec Paulette!

Un piano lugubre ouvre 'Gaby', bien plus sombre que le hit de Bashung.
La voix dérangeante de Thomas fait passer des frissons dans le dos.
Puis voici le retour des grosses guitares, plombées sur cadence pachydermique, à la mode stoner, alors que le piano s'y égare sans crier... à l'inverse des 2 voix poussées au max.

'Réalise' gonfle dans un roulement tumultueux à la batterie et riff métal.
La guitare zèbre ensuite sèchement sur une rythmique nue.
Puis, la basse et la voix féminine s'affolent avant qu'un synthé filant ne tisse une toile en délire.
Un passage suspendu offre un moment de répit sur une nappe lumineuse au clavier. C'est pour mieux libérer le vent de folie du break final.

Un arpège atmosphérique introduit 'Paulette'. Pourvu qu'elle soit douce!
Raté! Les guitares confirment qu'elle est tordue.
Le synthé tournoie sur une batterie cabossée voilant un riff menaçant à la guitare.
Susurré puis entonné à 2 voix ensemble ou qui se poursuivent, la répétition 'On va vous parler de Paulette' fait peur comme un film d'épouvante à la Sam Raimi ou John Carpenter.
A l'image du clip, la trame épileptique s'achève dans une apocalypse.

On sort de ce piège horrifique par un grand écart.
Une douceur acoustique transporte 'Quand le désir nous enlace' sur un simili folk chamanique, à grosse caisse résonnante, parsemée de cymbales clinquantes.

Le rituel précédent finit par faire tomber la pluie. Un rythme martial prépare 'Après l'ouragan'.
Les 2 voix mixtes s'éclatent alors sur des guitares grondantes.
2, 3 notes de piano, égarées sous la tourmente, ne rassurent pas.

Le gros son de basse à l'intro de 'Pas en Australie' évoque à nouveau Rage against the machine (pas en Australie non plus).
Alice prend une voix névrosée. Le couple basse, batterie tonne, implacable, laissant la guitare lacérer l'ambiance tendue.

Une espèce de ballade, un peu dérangée (rien n'est rectiligne chez Paulette), s'exprime en anglais à travers 'Under the sweet light'.
Le piano domine une guitare discrète sur un rythme feutré. Il va même jusqu'à s'isoler comme une histoire sans paroles...
Mais soudain, un synthé apparait dans une lueur aveuglante. On se croirait chez Pink Floyd!
Le chant monte et le morceau s'achève à 2 voix libérées.

Doué dans l'art du contrepied, Paulette suit alors les pas d'un slam d'ABD AL MALIK, au balancement caoutchouteux et groovy avec un synth basse épais et funky.
'Vous savez, je ne pense pas' s'affirme comme une tirade de 'Ces gens là' (Brel).
Le piano jazzy sème des notes libres. Ces moments élégiaques alternent avec d'autres, en piqué de grattes tel un avion de chasse.
Mais le piano fait le show avec des touches de haute voltige, rendant jalouse la guitare qui finit par s'abimer.

Va-t-on finir tranquillement avec cette petite mélodie mélancolique au piano?
A capella, le duo surprend lançant des mots d'amour, sur un ton parfois un peu clownesque, mais réellement touchant.
Surprise! Au milieu de cette composition sans limite, une belle guitare réverbérante déroute la mélodie vers des riffs s'appuyant lourdement sur des frappes bombées.
Une autre bascule se fait en poursuivant la mélodie par des chœurs aériens, accompagnés à la guitare acoustique seule jusqu'au bout d'un long voyage dépassant les 9 minutes.

Formé en 2019, l'équipe se réduit au trio, à présent, avec, Thomas l'aquitain, la bretonne de Berrien, Alice et le batteur, tout aussi breton, Boris Larzul.

Le groupe agit comme un peintre expressionniste sur une large palette (la paulette) angoissante qui ne craint pas les abysses.
Habile dans les contrastes, il n'a (même) pas peur de dérouter alors qu'il vient d'émouvoir.
Paulette (la Ménière) tient là une recette surprenante au goût prononcé (mais pas difficile à articuler) qui fait chavirer le fond des tympans.

 

01 Mur d'horizon
02 Gaby
03 Réalise
04 Paulette
05 Quand le désir nous enlace
06 Après l'ouragan
07 Pas en Australie
08 Under the sweet light
09 Vous savez, je ne pense pas
10 When
Ecriture et compositions : Alice Daré, Thomas Fernandes, Baptiste Gérard
Enregistrement et mixage : Thomas Fernandes
Mastering : Seb Lorho (Near deaf experience)

 

note de la rédaction:

 
une pensée émue pour Eloa Mionzé
 

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