VW Spring Sessions Festival est renommé pour une variété de styles et propose des artistes moins connus dans les courants dominants de la musique, ce qui nous apporte chaque année une affiche d’une excellente qualité. Le concert d'Anthony Joseph n'a pas fait exception.

 

Roselien a fait la première partie de la soirée. Roselien Tobbackx est une jeune et talentueuse auteure-compositrice-interprète, originaire de Louvain. Toute seule sur la scène armée d' une guitare rouge, elle a interprété plusieurs compositions de sa plume, chantées d' une voix impressionnante et exécutées de manière précise. Elle a ébloui la salle par un classy sound, pas dans un style folk à l'ancienne, mais avec des compositions modernes sur des thèmes classiques comme l'amour et la passion.

 

Sa dernière chanson était vraiment impressionnante et novatrice : elle a mis sa guitare de côté pour faire une performance de live looping en  enregistrant sa voix pour la faire tourner en boucles en temps réel créant ainsi des sons distinctifs et  forgeant  une belle ambiance. La setlist : A Pure Lover /// Rhythm Under My Skin /// Truth /// Looking For The Truth /// I Can’t Help It /// I Can Feel You /// Indian Dance. 

 

Je ne connaissais rien d' Anthony Joseph avant le gig, mais on ne peut tout simplement pas refuser la possibilité d'assister à une performance spoken word, surtout quand elle évoque une petite saveur exotique : il est né à Trinidad.

 

Il nous a présenté sa musique  comme étant une fusion de styles : calypso, funk et soul,  et il a cité Gil Scott-Heron parmi ses influences pour le message social et politique. 

 

Et vraiment, chaque chanson raconte une histoire et délivre un message. Anthony peut compter sur   de très bons instrumentistes : un percussionniste, un batteur, une basse et des claviers. Oui, pas de guitare, mais qui en a besoin avec une section rythmique d'une telle puissance et vivacité en plus d' une voix et de paroles qui séduisent le public ? L'intense musique Afro-Caribéenne ornée d' un son de piano asynchrone et de claviers frénétiques, lorsqu'elle est  combinée avec un contenu lyrique réaliste, mais encore plein d'espoir, ne peut qu'émouvoir.

 

Ses poèmes (il ne les appelle pas «chansons» et il a tout à fait raison) racontent des histoires réelles et personnelles, inspirées par des questions sociales et politiques de notre temps. 

 

«Shine», écrit pour une amie qui vit à Berlin, est une invitation à briller, peu importe le lieu mental ou physique où on se trouve . Une belle et subtile invitation à redécouvrir en soi la qualité de vie d'un dimanche matin à la campagne, en opposition avec la vie trépidante et vaine que nous menons  dans les grandes villes. 

 

«Girl with a grenade» est écrit et dédié à Malala Yousafzai avec la belle explication que si nous avons des enfants qui lui ressemblent , cela signifie que l'avenir est entre de bonnes mains.

 

«Hustle to live» est une chanson pour tous les immigrants qui quittent leur pays à la recherche d'un meilleur emploi, «working from 9 to 9»,  qui se débrouillent pour gagner assez d'argent pour retourner chez eux et vivre mieux là-bas. Mais en attendant, ils triment pour seulement gagner leur vie et, sans même s'en rendre compte, ils deviennent lentement une partie du système.

 

«Joy» est un poème destiné à célébrer le bonheur à l'état pur, une prédication pour sentir la musique et les rythmes indépendamment de ce qui se passe dans nos vies .

 

«Kezi» est l' histoire véridique et controversée d'une femme de Trinidad, mère célibataire de neuf enfants, qui est jetée en prison pour ne pas être en mesure de prendre soin d'eux selon les normes de la société.

 

La fin du spectacle était incendiaire, les gens dansaient et fêtaient ce qui se passait sur scène, un état d'esprit qui a continué pendant le rappel.

 

Avec Anthony Joseph, j'ai découvert un conteur moderne, un artiste et un poète d'une objectivité tendre, un homme pour lequel souffrance et sympathie pour les protagonistes  de ses histoires coexistent.