FIRST DRAFT à la brasserie DISTOUFER - Anniversaire War Raok’N Roll - vendredi 12/05/2023

 NoPo    à Guingamp
Fabien, le tenancier de Distoufer, a anticipé le risque météo, il a bitumé la cour, bien remplie à 22H. On évitera donc  'La gadoue, la gadoue!'.
Le crachin fait un peu descendre la chaleur bon enfant et familiale de l'événement, qui ne va pas tarder à remonter grâce à une musique volcanique.

Dans First Draft, on ne compte que deux musiciens mais ils ont plus d'une tour dans leur sac (Tours, leur base) pour éviter l'échec.
D'abord, ils ont une reine qui confirme l'expression récente de représentation égalitaire sur scène 'More women on stage' (qu'on vous dit!).
"Try this crown, it’s enough" chante-t-elle dans 'Declines Are Long Gone'.
Ici, la dame Mar(e)ine Arnoult, elle chante... très bien et tape... incroyablement fort.

On a toujours admiré les batteurs chanteurs... ça ne risque pas de changer ce soir!

Clément Douam, le soldat, garde du corps, maltraite une basse, pas vraiment basse, et souvent même pas basse du tout, dans le son produit, plus proche d'une guitare ou d'un synthé, rappelant parfois l'exubérance de Muse.
Sa table d'effets, telle des armes devant lui, impressionne d'ailleurs plus d'un pèlerin!

Après de longs réglages, ma voisine, particulièrement énervée, me lance un 'Dégage!' véhément (mais c'est vrai!) pour filmer le soundcheck tout en hurlant qu'il fallait stopper prestement le DJ!
La fille pétant les plombs, j'ai craint pour le mec aux manettes, pourtant l’équipe technique, concentrée, prend le temps de finaliser, sortir puis le duo réapparait pour une intro planante (devant les yeux injectés de sang de ma copine cinéaste, retenez-la!).

La basse caoutchouteuse qui suit ne laisse, cette fois, planer aucun doute 'Declines Are Long Gone'.
Le morceau alterne moments de calme atmosphérique et d'autres plus bousculés, sur un motif de batterie remarquable.
Une violente accélération, avant la fin, annonce le retour de la basse élastique pour conclure.
Cette composition coupe le souffle, au point que Marine doive reprendre, elle aussi, sa respiration.
Ce morceau ainsi que les 2 suivants figurent sur le 2è EP.

'Kneel Down in Silence' me fait toujours le même effet d'envoûtement avec sa mélodie mélancolique, parcourue d'une voix pleine d'émotions, fragile d'abord puis fougueuse ensuite.
La guitare joue par saccades avant un arrêt suspendu dans le vide. La voix plaintive monte progressivement, comme blessée par des frappes violentes sur les toms :
"The soul is no grenade, The soul is no grenade" s'insinue jusqu'à l'âme justement, à travers une intensité dramatique.
Clément cisaille son instrument, avec un son particulièrement distordu, qui dévisse de plus en plus sur un rythme heurté.
Quelle prière! Agenouillons-nous en silence!

Une triste mélopée, sidérante, plante un décor brumeux à l'orée de 'A Chapter on Each Page'.
Les moulins et roulements lancinants, à la batterie, se mettent alors à suivre un chemin cabossé, une ornière, un break puis les cordes se tendent.
La guitare joue dans la réverbérance, rappelant the edge (U2)... Au bord, les musiciens s'y positionnent souvent comme dans un équilibre précaire.
La voix de Marine, particulièrement touchante, navigue dans des remous récurrents. Le jeu de scène, sur les traces du chant épique, en parait véritablement physique (Clément a même un problème de braguette, dénoncé par le public, heureusement, il ne s’agit que de technique!).

Des outro ou intro évanescents permettent aux musiciens de récupérer. On peut même deviner l'énergie dégagée, par l'évaporation autour de leurs silhouettes.

'Stalling in Clarity' sort du 1er EP de 2018, "Irony and smiles".
Très direct, ce morceau, vif, rentre dedans par une explosion. La rythmique cogne tel un bucheron qui bucheronne... puissamment mais avec ruptures.
Cependant, le haut débit s'établit, avec franchise, sans la complexité des constructions précédentes. La guitare, elle, décharge des sons de métal rouillé.
Marine hurle, à bout de souffle, et le morceau s'interrompt. Les regards échangés sur scène trahissent l'attention de Clément, prévenant dans l'exaltation de Marine.

Vient 'My Courage is Prey', l'exclu ou presque,  Marine avouant ne l'avoir joué qu'une fois ou deux avant.
Cette découverte, à écouter avec une oreille attentive, s'insère parfaitement dans un paysage de secousses sismiques (avant, pendant, après).

La précision des coups sur le cercle, juxtaposés à ceux sur un tom, pose les bases techniques du pattern de 'Time Hails no Suns'.
L'émotion, ressentie dans la pression progressive, imprègne l'esprit : "I’m biding my time, petrified That we’re dying, dying" .
Ce morceau possède une puissance tellurique rare, à la fois glaçante et brûlante. A pleurer!

L'intro, quasi a capella, de 'Obey the Rhyme' ressemble à une lente descente dans une crypte.
Dès que l'orchestration se décide, un faisceau de lumière (au propre comme au figuré) inonde la chanteuse.
Clément y va alors par à-coups, incitant les frappes à accélérer. On entend la voix de Marine écorchée, soufflant, presque souffrant, et le moment monte en intensité.
Des empreintes douloureuses marquent le plus souvent les textes : "The weight on your mind, How long has it been there?"
La trame mélodieuse envahit l'atmosphère relevant le poil à fleur de la peau. Grandiose!

Les 2 titres finaux ne figurent pas sur les disques, difficile de détailler mais la fièvre ne tombe pas.
'Hallowed but Hollow' puis 'For a Few Minutes More', oui svp, encore un peu de frissons!
L'émotion est à son comble, on aimerait que ça se prolonge...

Post-rock, prog teinté de métal, appelez ça comme vous voulez, on vient de passer un grand moment dans un manège à sensations... fortes.
Pas de rappel, les artistes ont tout donné, j'en suis encore bouleversé.
La condensation dans l'air transporte plein de sentiments perturbants.
Quel bonheur d'avoir été là pour ce moment d'une intensité rare, la pluie ne l'effacera pas!

SETLIST
1-Intro
2-Declines Are Long Gone
3-Kneel Down in Silence
4-A Chapter on Each Page
5-Stalling in Clarity
6-My Courage is Prey
7-Time Hails no Suns
8-Obey the Rhyme
9-Hallowed but Hollow
10-For a Few Minutes More

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