La tournée des TRANS à Bonjour Minuit Saint-Brieuc - CHAMPIONNE le samedi 18 Novembre 2023 22H15

Pas facile de succéder à MOKHTAR tant on ne joue pas dans la même catégorie avec Championne.
On passe, en effet, d'une fusion world music, jazz funky, à une pop sensible et éthérée.
Autant dire, le jour et la nuit! Et la nuit s'accorde bien au spleen imprégné dans les textes qu'on va entendre.

Le titre de Championne couronne la rennaise Mathilde Lejas venant des groupes Hanry (avec un 'a' et 'H' aspiré) et Cavale blanche.
On note aussi, sur le 1er et unique single, la présence, à la guitare, de Mickaël (Mickoune) Olivette du duo Gwendoline (présent aussi dans la cavale blanche).
Sans atteindre le désespoir 'shlagwave' de ce dernier, la fille garde un peu de désenchantement comme Mylène.
Côté musique parfois froide, c'est mi-laine aussi (mais pas Farmer) pour s'habiller plus chaudement en pop un peu rêveuse et bien troussée!

La formation étant récente, on n'a pas grand chose à se mettre sous les tympans, si ce n'est ce single, très réussi, 'Bilboquet' (le jeu préféré de Bilbo-n Sa-quet qui nécessite l'adresse et la précision du hobbit).
Derrière une intro avec une voix fragile posée sur un clavier crachin (un peu la météo de novembre quoi), les arrangements mettent en avant l'élasticité d'une basse, bien cadencée par la batterie, alors que les guitares hésitent entre cold et shoegaze .
Le résultat, accrocheur, super bien écrit et attendri par la douce voix de Mathilde, fait plaisir à l'écoute malgré le doute émis 'Qu'est-ce que je fous là?'.

Ben, t'es là pour honorer ton titre Championne!
En plus ce soir, tu peux compter sur les supporters, conquis d'avance avec famille et potes des musiciens, presque un fam' club finalement.

Et ça fait du monde, en proportion des 5 musiciens sur scène :

Blanche Leblond, basse (DJ techno originaire de St Glen -22-),
Louis Kuipers, guitare (ex. feu Popopopops et Her, excellents groupes rennais),
Nics Soulatre synthés,
Flo Pardigon batterie (Bye Bye Panke, Abbaon Fat Trax que je découvre à peine),
Mathilde Lejas guitare, chant.

Les 2 premiers encadrent la chanteuse au premier plan, tel deux lieutenants.
Nics, discret, vient se mettre à l'ombre de la batterie.

Dès l'entame, on sent l'envie de bien faire. Les regards se cherchent et s'encouragent.
On perçoit un 'Rien' ou une émotion qui semble freiner un peu Mathilde au démarrage.

Armée de sa guitare, elle assure vouloir cocher toutes les cases d'un concert rock digne de ce nom.
On ne biffera pas la case à nier (ahaa!), l'artiste s'emploiera à cet objectif, tout le long du set.

La 'Fête' à la grosse basse (baffe) d'intro et au riff accrocheur mène les paroles à l'abattoir!
Même si l'orchestration prend de l'ampleur sur le refrain, la compo véhicule une amertume touchante.

La grande Sophie chantait 'Du courage', la grande Mathilde choisit 'Pride'... (U2 aussi...).
Nics s'est placé en retrait comme son clavier qui apporte pourtant un liant indéniable en s'emportant parfois.
La rythmique joue carrée et la guitare de Louis se fait remarquer par son assurance et sa musicalité.
Et tous les musiciens soutiennent des chœurs à vous le faire battre.
Mathilde peut donc agir en électron libre, en même temps, c'est la championne...

Sur l'un des morceaux ('Petite mort'?), elle prend soudain le relais de Louis, à la guitare pour une longue envolée d'arpège répétitif, bouleversant un final appliqué.

L'histoire ne dit pas si le 'Banquet' correspond à un buffet froid mais les convives ne sont pas rassasiés...

Après un début de prestation des plus mélancoliques, Mathilde annonce un regain de gaieté avec 'Joli cœur' qui produit son effet sur les spectateurs familiers du groupe.
J'entends des 'Aah!' à côté de moi. La belle-sœur de Blanche a changé de couleur et failli se pâmer là (c'est pas son prénom!).
Le morceau, effectivement enjoué, au refrain mémorisable, teinte facilement les joues.

On évoquait une mélancolie omniprésente, ce n'est pas le titre en anglais qui le contredira.

L'atmosphère agitée, mais bon enfant des premiers rangs, devient contagieuse.
Pourtant, il manque un 'je ne sais quoi' pour passer un cap et captiver totalement l'assemblée jusqu'au fond de la salle...

Justement, voici un solide argument avec le tubesque 'Bilboquet' qui ne fout pas les boules (malgré son texte aigri) mais s'enfile directement dans la zone de plaisir de l'hypothalamus.

Alors, il parait qu'un bon concert rock se termine par la photo du public?
Mathilde a tout prévu avec un appareil jetable et s'empresse (avant de le jeter... non c'est pas vrai!), de nous flasher alors qu'on n'était même pas encore dans la voiture!

Ce sera donc une photo finish pour une performance donnant envie d'en savoir plus... à quand le disque Championne?


SET-LIST
Rien
Fête
Pride
Petite mort
Banquet
Joli cœur
Meute
Melancholy
Bilboquet